vendredi 30 janvier 2015

Faire des recherches sur un ancêtre condamné aux travaux forcés

Vous êtes nombreux à nous demander des renseignements sur un ancêtre condamné aux travaux forcés en Nouvelle-Calédonie. 
Malheureusement, notre association ne dispose pas de moyens suffisants pour répondre à ces demandes. 

Pour vous orienter dans vos recherches, voici quelques éléments:

1) Trouver le numéro de matricule du condamné à partir du nom
http://anom.archivesnationales.culture.gouv.fr/bagnards_dossiers_individuels/ ?
 La fiche de réponse, imprimable, fournit les références des documents à venir consulter, ainsi que toutes les informations utiles pour progresser dans la recherche.

2) Demander au Centre des Archives d'Outre-mer à Aix-en-Provence, en précisant dans le courrier le n° de matricule.

 Le mieux est encore de s’y rendre et de demander à consulter dans la série H le microfilm sur lequel se trouvera la feuille matriculaire. Le registre matricule comporte toujours le même type d'informations  : identité et condamnation initiale, convoi, évasions, commutations de peines, grâces, condamnations en cours de peine etc...

Les archives d’Aix possèdent sûrement aussi son dossier individuel (consultable sur place) mais il est possible qu'il ne soit pas communicable. Se renseigner auprès d'eux. Ce dossier comprend généralement l'extrait de jugement et la notice individuelle établissant la légalité de l'écrou, ainsi que toutes les pièces annexes liées à la détention (procès-verbaux, correspondance, réclamations, actes de décès)

3) Demander aux Archives de Nouvelle-Calédonie
En vous rendant sur place, le responsable de salle pourra vous orienter dans vos recherches. Il est ainsi possible de consulter sur microfiche des feuilles matriculaires, des copie de l’acte de décès etc...

contact: 
Service des archives de la Nouvelle-Calédonie
Téléphone : (687) 26 60 24


En espérant que ces informations vous seront utiles!


lundi 19 janvier 2015

On recherche

Comme chaque année, une exposition sera inaugurée à la rentrée à la maison Célières.

Pour enrichir sa prochaine exposition sur les commerces d'autrefois (1870-1940), nous sommes à la recherche de :

* photos de magasins, de Nouméa ou de brousse, 
* photos de magasins japonais,
* photos de marchands ambulants,
* photos de colporteurs
* d'objets de métier, 
* d'objets ou affiches publicitaires...


Nous pouvons scanner les documents, photographier les objets, et vous les rendre rapidement. 


Si vous souhaitez apporter votre contribution, ou encore partager des récits, des souvenirs se rapportant au sujet, n'hésitez pas à contacter l'Atup. Nous vous donnerons toutes les informations nécessaires. Notre téléphone : 77 83 73 / Notre courriel : atupnc@lagoon.nc

Nous vous remercions par avance de l’attention que vous porterez à notre demande.

Horaires d'été: la maison Célières

Pendant la saison estivale, la maison Célières est ouverte 
les mardis, mercredis et jeudis de 14h à 17h. 
Pendant ces horaires, il vous est possible de retirer votre brochure "Parcours du Faubourg" et de visiter l'exposition Hugh Morton, Au temps des Américains. 




lundi 12 janvier 2015

Objets de la grande Guerre: le casque de Numa ENGLER



Rubrique « Objets de la Grande Guerre »

Le centenaire du plus meurtrier des conflits du XXème siècle est l’occasion pour notre association de présenter quelques objets que des familles calédoniennes nous ont confiés et que nous souhaitons mettre à l’honneur par une petite série d’articles sur notre blog ou sur notre page Facebook. Il ne s’agissait pas pour nous de ne montrer qu'un simple objet, mais bien de le replacer dans son contexte, et retrouver son histoire, ou tout au moins celle de la personne qui le possédait alors.

Aujourd’hui : le casque de Numa ENGLER

Ce casque a appartenu à Numa ENGLER et été offert à notre association dans les années 1990 par sa fille, Madame Odile FOREST, lors d’une exposition à la Maison du Combattant.


Numa ENGLER, est né le 22 mai 1883 à Ouégoa.

Il est le fils de Jean, Gustave ENGLER et de Anne, Elisabeth HENRY.

Il vit sur la Côte Ouest, à Oubatche, lorsque la guerre éclate en 1914.

Bien qu’âgé de 32 ans à ce moment-là et dispensé des obligations militaires, son âme ardemment patriotique le pousse à se porter volontaire pour défendre la France en danger.
Parti de Nouméa par le « SONTAY » le 23 avril 1915, avec le premier contingent calédonien, il débarque à Marseille après soixante-trois jours de mer.

Escale en Australie, à Sydney, où le contingent calédonien retrouve des amis étudiants calédoniens (les 3 en civil portant les képis : dont Frederick James MARTIN, père de Ronald MARTIN et cousin de Numa ENGLER : le 5ème debout en partant de la gauche). Numa ENGLER est le 3ème debout en partant de la gauche. (Collection Ronald MARTIN)
Il est dirigé, avec ses camarades, sur Saint Maurice de Gourdans et le camp de la Valbonne, où il connaît un entraînement intense et exténuant.

Calédoniens, Tahitiens et Hébridais au camp de la Valbonne. Numa est le second debout en partant de la gauche. (Collection Ronald MARTIN)
En novembre 1915, le contingent est séparé en deux parties. La plus importante est affectée à la 15ème Division d’Infanterie Coloniale (5ème et 6ème Régiments d’Infanterie Coloniale) sur le front français, et la seconde rejoint l’Armée d’Orient à Salonique (dont les 3ème, 54ème et 56ème Régiments d’Infanterie Coloniale).

Numa ENGLER, soldat de 2ème classe affecté au 5ème Régiment d’Infanterie Coloniale, et d’âge plus mûr, prend rapidement de l’ascendant sur ses camarades calédoniens, réconfortant les plus faibles et tempérant l’ardeur des téméraires.

Groupe de calédoniens du 5ème R.I.C. On peut noter le panachage des uniformes, avec les anciens paletots coloniaux bleu marine et la nouvelle tenue (claire) en bleu horizon. Numa ENGLER est le second en partant de la droite. (Collection Odile FOREST)
 
Le 4 septembre 1916, le 5ème R.I.C. attaque l’ennemi en direction de Villers-Carbonnel, dans la Somme.

Le combat est terrible et meurtrier. Emportés par l’action, les calédoniens ont rapidement atteint tous leurs objectifs au prix de lourdes pertes, les morts sont nombreux. Mais l’avance n’a pas été la même sur la gauche du 5ème R.I.C. dont le flanc se trouve découvert et pris sous le feu de l’ennemi. Les blessés, en gémissant, traînent lamentablement leurs chairs meurtries dans les tranchées pour échapper à l’étreinte de l’étau ennemi qui fera de nombreux prisonniers.

Photo de studio de Numa ENGLER, posant coiffé du casque en vigueur dans l’armée française depuis le courant de l’année 1915, le casque Adrian. (Collection Odile FOREST)
En face de Villers-Carbonnel, Numa ENGLER est grièvement blessé à l’épaule. Durant de longs mois dans les hôpitaux, il devra suivre des traitements douloureux. Son absence pèsera, dans les tranchées, à ses camarades qui avaient pris l’habitude de le prendre respectueusement pour un chef.


Couverture d’un courrier envoyé depuis la Métropole par Numa à son père Jean. (Collection Odile FOREST)



Ré-affecté au Bataillon Mixte du Pacifique, il retrouve les calédoniens sur le « GANGE » à Marseille, où il embarque le 11 avril 1917, comme permissionnaire.

Le 17 avril, le navire est torpillé et le contingent de permissionnaires est sauvé et débarqué à Bizerte en Tunisie.


Quelques jours plus tard, les calédoniens apprennent avec surprise que leur voyage ne se continuera pas vers la Nouvelle-Calédonie, qu’ils vont rejoindre le front.

Devant cette injustice, Numa ENGLER se révolte.
S’il a su dans le combat inciter ses camarades à faire tout leur devoir, il ne tolèrera pas qu’il soit porté atteinte à leurs droits légitimes.

Avec son courage civique qui égale son courage de soldat, il prend la défense du Contingent Calédonien. Avec quelques camarades, il demande une entrevue au Ministère, il prend contact avec des parlementaires. Il se fait l’avocat de ses camarades.

Autre photo de studio de Numa ENGLER, cette fois-ci coiffé d’une chéchia, coiffure de repos portée par les européens affectés en unités de Tirailleurs, ce qui est le cas au Bataillon Mixte du Pacifique. On peut remarquer sur sa poitrine la croix de guerre avec Palme, à gauche, et un rappel de décoration de la médaille des blessés, à droite. (Collection Odile FOREST)


Numa Engler n’est qu’un soldat de deuxième classe, la tâche qu’il a entreprise est difficile, il court de grands risques. Mais avec force et persévérance, il poursuit ses efforts, la cause qu’il défend est juste, et il la défendra jusqu’au bout. Et ce qu’il ne ferait pas pour lui, il le fera pour ses camarades.

Il arrive à convaincre et ses efforts sont pleinement couronnés de succès. Les permissionnaires du « GANGE » obtiennent entière satisfaction.

Revenu en Nouvelle-Calédonie, le 3 décembre 1917, il est renvoyé à titre provisoire à ses foyers le 11 décembre 1917. A la fin de la guerre, il regagne Oubatche où vit sa famille et où son âme de terrien l’attire. Il se marie.

Mais, animé d’un généreux esprit collectiviste, il n’oublie pas ses camarades. Il travaille ardemment, comme Représentant des Combattants Broussards, à la formation de l’Amicale des Combattants de la Grande Guerre 1914-1918. S’installant par la suite à Nouméa, il est nommé le 25 janvier 1920, après René JOURDAIN, Président de cette Amicale, poste qu’il occupera jusqu’au 21 février 1924.
Il aura aussi été Président du Comité Calédonien et Conseiller technique de la Chambre d’Agriculture.

Il s’éteint le 7 novembre 1946, à Sydney à l’âge de 64 ans, des suites d’une opération.
Il était une grande figure calédonienne de l’entre-deux guerres, estimée tant à Nouméa que dans l’intérieur.


Numa ENGLER, pour son courage, a fait l’objet d’une citation :

5ème Régiment d’Infanterie Coloniale. Extrait de l’ordre n° 249 du 30 décembre 1916.
Citation à l’ordre de l’Armée, du général commandant la Xème Armée :

« Dégagé par son âge et par sa situation de toute obligation, s’est engagé pour la guerre et s’est toujours conduit de la façon la plus brillante. Ayant acquis par son intelligence, sa haute valeur morale, son calme et son énergie, une grande influence sur ses camarades, a été, le 4 septembre 1916, au cours d’un combat difficile, un modèle de bravoure et un auxiliaire précieux pour son officier blessé ; a été blessé lui-même grièvement au cours du combat. »

Cette citation lui donne droit à l’attribution de la Croix de Guerre avec palme.
Il sera également détenteur de la Médaille Militaire et de la Médaille des blessés


Le casque :

En avril 1921, la France Australe faisait paraître une annonce, sur demande des autorités militaires, incitant quelques 280 poilus calédoniens qui n’avaient pas encore touché leur « casque Adrian Souvenir » à se présenter à la Compagnie d’Infanterie Coloniale n°1 afin de percevoir leur dû. Une liste nominative y était jointe.
En effet, cette liste concernait les hommes rapatriés avant 1919, tandis que les autres poilus, présents en métropole lors de la parution du décret du 18 décembre 1918, concédant le casque souvenir, avaient déjà eu tout loisir de se le procurer sur place.

Le casque Adrian fût fabriqué à des millions d’exemplaires et utilisé par de nombreuses nations durant la première guerre mondiale. Il succédait à une simple calotte protège-tête métallique (ou « cervelière »), placée sous le képi. Son introduction protégea bien plus avantageusement les hommes des retombées générées par les explosions.

On trouve aujourd’hui, dans de nombreuses familles calédoniennes, ce symbole de la Grande Guerre  accompagné d’une plaque souvenir en laiton portant la mention « Soldat de la Grande Guerre 1914-1918 » précédée du nom et du prénom de l’ancien combattant.
Lorsque l’on évoque auprès des calédoniens les souvenirs de la guerre 14-18 qu’ils ont conservé de leur aïeul, ce n’est pas sans fierté qu’ils disent : « moi, j’ai le casque de poilu de mon grand-père ! ».



Comme nous l’avons vu plus haut, le casque qu’ont reçu de nombreux calédoniens, notamment ceux rentrés avant la fin du conflit, n’est pas celui qu’ils ont porté au combat. Ce dernier a été ré-intégré au fourrier du Régiment avant le départ de Métropole.
Il n’en reste pas moins le symbole des anciens de la Grande Guerre, avec sa forme particulière.

Celui de Numa ENGLER est de couleur dite « Moutarde », une couleur qui est appliquée sur les casque des certaines unités coloniales ou de la Légion Etrangère. Les autres sont de différentes nuances de bleus.

Comme on peut le voir sur la photo ci-dessus, la plaque souvenir en laiton vient se placer sur l’avant du casque, sur la visière. Un trou à chaque extrémité de cette plaque permet de la fixer au casque. Cependant, pour ce cas précis, le casque n’a pas été percé, la plaque devait simplement être posée tel que sur la photo.
Le casque ne dispose plus de son insigne frontal en tôle emboutie. Il ne reste plus que la coque, la jugulaire et la coiffe intérieure ayant disparu.



Détail de la plaque souvenir, sur laquelle Numa ENGLER a fait graver son nom et son prénom. L’ovale comportant la mention pré-emboutie «  Soldat de la Grande Guerre 1914-1918 » est entourée des lauriers de la gloire.



Sources et remerciements :
-          Madame Odile FOREST
-          Monsieur Ronald MARTIN
-          Archives de la Nouvelle-Calédonie

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